HISTOIRE DU JUBE DE LA CATHEDRALE
LE JUBE DE LA CATHEDRALE SAINT ETIENNE
La construction de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse démarre à l’époque romane, au cours des siècles l’ensemble fait l’objet de multiples modifications et de reconstructions, la première, fondamentale, du temps de l’évêque Foulque aboutit à une cathédrale de style gothique méridional à nef unique.
Puis c’est l’évêque Bertrand de l’Isle-Jourdain qui entreprend de reconstruire en englobant l’ancien édifice avec des matériaux plus luxueux, la pierre au lieu de la brique.
Les travaux se poursuivent entre le XIVe et XVIe siècle, puis c’est l’archevêque Jean d’Orléans au début des années 1500 qui entreprend d’importants travaux.
Mais le 9 décembre 1609 un terrible incendie ravage la charpente et le chœur, l’émotion est très vive, des dons afflux, l’archevêque décide de voûter la cathédrale, les stalles et le buffet d’orgue sont remplacés.
En 1612 il est installé un jubé en pierres de taille, au-dessus de la porte en fer forgé se trouvait une niche avec la statue de Saint-Étienne, le tout surmonté d’un immense crucifix. De part et d’autre, d’autres niches devaient recevoir des statues et aux extrémités des tourterelles qui symbolisent les larmes secrètes de la prière. Enfin des escaliers conduisaient aux tribunes.
La photo qui a été faite l’année de la démolition permet de constater le mauvais état du jubé, notamment dû à la révolution qui avait fait de la cathédrale le temple de la raison. Beaucoup de statues disparaissent des niches, on peut le constater toujours sur les portes d’entrée de la cathédrale.
Quelle est l’étymologie du mot jubé ? Au Moyen Âge le jubé avait des fonctions liturgiques, on y accédait pour lire les Évangiles et les épîtres. Avant la lecture de l’Évangile le prêtre ou les clercs demandaient la bénédiction « Daigne Seigneur accorder ta bénédiction », soit en latin « jube domine benedicere »
Derrière le jubé se déroulait la messe, comme les fidèles ne voyaient pas bien le déroulement de la cérémonie dans le chœur, on ouvrait les portes du jubé au moment de l’élévation. Comme on peut le constater sur la photo la visibilité était vraiment minime.
Au XVIIIe et au XIXe siècle le clergé trouve le style gothique archaïque, cette masse de pierres en plein milieu de l’église brise la perspective du monument et isole les fidèles qui ne peuvent pénétrer le chœur liturgique.
Jacques-Jean Esquié qui est nommé architecte diocésain en 1848, plaide pour rétablir l’unité de style du chœur. L’aboutissement en est la destruction du jubé en 1866 pour deux motifs, le premier est architectural, pour lui cette construction du début du XVIIe siècle n’est pas en harmonie avec l’architecture intérieure de l’église, n’ayant aucun intérêt du point de vue artistique, puisque les bas-relief et arabesques sont jugés de mauvais goût et le second plus liturgique est celui de l’ouverture du chœur aux fidèles.
Cette démolition a été décidée malgré les plaintes des paroissiens de Saint-Étienne, sans qu’aucun remontage ne soit prévu, les fragments ont été entreposés dans le cloître Sainte-Anne, ils ne tardent pas à disparaître. La statue de Saint Etienne a également disparue.
La démolition du jubé a entraîné l’enlèvement des stalles qui y étaient adossées.
Huit stalles basses et quatorze stalles hautes ont également été entreposées dans le cloître Sainte-Anne.
C’est pour redonner une cohérence d’ensemble que l’entrée du chœur est clôturée par une balustrade et que l’on crée des escaliers d’accès.
Les stalles qui avaient été abandonnées furent, par la suite, déplacées dans le comble collatéral nord et ce n’est pratiquement qu’un siècle plus tard que l’architecte en chef des monuments historiques fit placer quatorze stalles dans la chapelle de l’Agonie, appelée aussi au XVIe, chapelle du Saint-Sacrement ou de Notre-Dame de pitié certainement en raison de la proximité de La Vierge de Pitié de Gervais Drouet.
Robert RIVES
Jubé en 1866 juste avant sa démolition
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