SAINT PAUL RESSUSCITANT EUTYQUE LE MAY DE LA CATHEDRALE
SAINT PAUL RESSUSCITANT EUTYQUE
LE MAY DE LA CATHEDRALE DE TOULOUSE
Pour présenter ce tableau il est nécessaire de raconter l’histoire des MAYS de Notre-Dame de Paris.
Ces tableaux ont été commandés par la corporation des orfèvres de Paris afin de les offrir à Notre-Dame de Paris, avec l’accord des chanoines, le 1er mai de chaque année.
Ils ont été réalisés de 1630 à 1707 par des peintres célèbres de leur époque.
Les premières offrandes des orfèvres datent de 1449 d’abord un arbre décoré de rubans positionné devant le maître-autel à la dévotion de Marie, puis ce fut des petits tabernacles pendus à la voute qui postérieurement furent peints de l’histoire de l’Ancien Testament. Plus tard encore ce fut des petits tableaux que l’on appelle les petits mays essentiellement sur la vie de Marie.
En 1630 les petits tableaux sont remplacés par de grands tableaux de plus de 3 m de hauteur illustrant les actes des apôtres.
Les artistes choisis sont généralement des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648. Cependant, la commande d’un May est un honneur convoité. La réalisation appartient souvent aux jeunes peintres, au talent prometteur. A une époque où les musées n’existent pas, l’exposition d’une œuvre dans la cathédrale leur procure l’opportunité d’une exposition publique permanente.
En 1708, la compagnie des orfèvres rencontre des difficultés financières et l’offrande de tableaux cesse.
C’est au total 73 tableaux qui furent offerts, mais ils furent saisis par les révolutionnaires, seuls 51 sont actuellement répertoriés mais dispersés.
À noter que les treize Mays présents à Notre-Dame lors de l’incendie d’avril 2019 ont tous été miraculeusement préservés.
Celui de la cathédrale de Toulouse Saint Paul ressuscitant Eutique,(ou Eutyque) est le dernier May de la cathédrale Notre-Dame, il fut commandé par la corporation des orfèvres de Paris à Jacques-François Courtin, et présenté par les orfèvres Quevanne et Delafond pour le May de 1707, dont les noms ont été retrouvés sur la toile lors de la restauration.
Jacques-François Courtin (Sens, 1672 – Paris, 1752), élève de Louis de Boullogne, reçut le 2e Prix de Rome en peinture en 1700 et 1701 et fut nommé peintre ordinaire du roi. Il prit part au concours de 1727 pour la galerie d’Apollon et exposa régulièrement aux Salons de 1737 à 1751.
Le tableau de Jacques-François Courtin, dépôt du Louvre, fut concédé à la Ville de Toulouse en 1822 puis déposé à la cathédrale Saint-Étienne en 1829.
Ce tableau est classé aux monuments historiques depuis 2002, il est la propriété de l’État.
Ce May est actuellement situé au-dessus de la porte de la sacristie principale.
Il a fait l’objet d’une rénovation de fin 2018 à début 2022 par Céline Bida de l’entreprise Malbrel Conservation, sous la maîtrise d’œuvre de Catherine Gaich, conservatrice des monuments historiques.
Il s’agit d’un très grand tableau qui mesure 4,22 m de haut par 3,42 m de large.
Cette œuvre illustre un passage des Actes des Apôtres. La scène se déroule à Troas (Asie Mineure) où saint Paul prêche.
Le premier jour de la semaine, alors que nous étions réunis pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, adressait la parole aux frères et il avait prolongé l’entretien jusque vers minuit. Les lampes ne manquaient pas dans la chambre haute où nous étions réunis.
Un jeune homme, nommé Eutyque, qui s’était assis sur le rebord de la fenêtre, a été pris d’un sommeil profond, tandis que Paul n’en finissait pas de parler. Sous l’emprise du sommeil, il est tombé du troisième étage et, quand on a voulu le relever, il était mort.
Paul est alors descendu, s’est précipité vers lui et l’a pris dans ses bras : « Ne vous agitez pas! Il est vivant! » Une fois remonté, Paul a rompu le pain et mangé; puis il a prolongé l’entretien jusqu’à l’aube et alors il s’en est allé. Quant au garçon, on l’a emmené vivant et ce fût un immense réconfort. (Actes 20,7-12)
Paul en ressuscitant une personne, se révèle comme l’un des successeurs de Jésus. La mort d’Eutyque n’est pas qu’un accident, elle devient l’occasion de manifester les merveilles de Dieu.
Les photos que l’on trouve sur internet sont de mauvaise qualité. Il est vrai que sa grandeur et sa disposition ne permettent pas d’avoir un recul suffisant.
Vous trouverez une photo (et son agrandissement), que j’ai réalisée récemment, on y voit avec des clairs obscurs l’extrême blancheur d’Eutyque qui ne laisse pas douter de sa mort.
Saint Paul impose sa main vers le torse d’Eutyque qui est soutenu dans les bras d’un personnage, les autres sont effarés ou en prières, l’un d’entre eux tient un flambeau qui peut avoir double fonction, éclairer la scène et représenter l’esprit Saint.
À noter que Toulouse bénéficie de deux autres Mays, depuis 1803, un May datant de 1658 représentant « Saint-Pierre baptisant le centenier » (officier romain) de Michel Corneille l’Ancien, est à Saint-Pierre des Chartreux.
Un 3e est situé au musée des Augustins « la délivrance de Saint-Pierre » d’Aubin VOUET datant de 1640, il est depuis 2004 la propriété de la ville de Toulouse.
Fait à Toulouse le 29 mai 2024.
Robert RIVES
A découvrir aussi
- LA VIE DE SAINT ETIENNE
- ECOLE CATHEDRALE
- LA COMMUNION DU DUC D’ANGOULEME A LA CATHEDRALE SAINT ETIENNE